Washington et Séoul vont renforcer leur collaboration face à Pyongyang
26.04.2023 19:28
© Reuters. Photo d’archives: Drapeaux américain et sud-coréen à Yongin, en Corée du Sud. /Photo prise le 23 aout 2016/REUTERS/U.S. Army/Courtesy Ken Scar
par Trevor Hunnicutt, Steve Holland et David Brunnstrom
WASHINGTON (Reuters) – Le président américain Joe Biden et son homologue sud-coréen Yoon Suk-yeol ont exprimé mercredi à Washington leur souhait de renforcer leur collaboration pour dissuader la Corée du Nord de toute escalade nucléaire, sur fond d’inquiétude croissante à l’égard du renforcement de l’arsenal balistique de Pyongyang.
« Nous célébrons aujourd’hui une alliance à toute épreuve, une vision partagée de notre future et une profonde amitié », a déclaré Joe Biden, au cours d’une cérémonie en grande pompe pour accueillir le dirigeant sud-coréen à la Maison blanche, à propos des relations entre les deux pays.
Yoon Suk-yeol a dit vouloir fêter 70 années de relations entre les Etats-Unis et la Corée du Nord, marquées par des « valeurs » telles que la protection commune de « la liberté ».
Cette première visite d’Etat formelle d’un dirigeant sud-coréen aux Etats-Unis depuis plus d’une décennie constitue une occasion pour Joe Biden et Yoon Suk-yeol d’adresser un avertissement au numéro un nord-coréen Kim Jong-un.
Les rapides avancées de Pyongyang dans ses programmes d’armement, avec un arsenal composé notamment de missiles balistiques capables d’atteindre le territoire américain, ont soulevé des interrogations sur l’hypothèse que les Etats-Unis choisissent d’utiliser l’arme nucléaire pour protéger la Corée du Sud dans le cadre de leur pacte de « dissuasion élargie ».
D’après des enquêtes d’opinion, une majorité de Sud-Coréens se disent favorables à ce que Séoul se dote de ses propres bombes nucléaires, une possibilité à laquelle Washington est opposé.
Au cours d’un point de presse, le porte-parole du conseil de sécurité nationale de la Maison blanche, John Kirby, a déclaré que le sommet d’une journée entre Joe Biden et Yoon Suk-yeol devrait déboucher sur des « résultats majeurs » sur des questions telles que la dissuasion élargie, la cybersécurité, le climat et les investissements économiques.
Un nouveau pacte va permettre à la Corée du Sud de disposer d’informations détaillées, et de son mot à dire, dans les plans d’urgence pour prévenir et répondre à un quelconque incident nucléaire dans la péninsule, ont indiqué des représentants américains.
Si Washington et Séoul vont de nouveau appeler Pyongyang à s’engager sur la voie diplomatique, il est prévu de déployer en Corée du Sud une importante technologie militaire américaine, dont un sous-marin à capacité balistique pour la première fois depuis les années 1980, en guise de démonstration de force, ont déclaré de hauts représentants de l’administration Biden lors d’un point de presse téléphonique.
Ils ont souligné qu’aucune arme nucléaire américaine ne serait déployée dans la péninsule coréenne et qu’aucun contrôle sur l’arsenal nucléaire des Etats-Unis ne serait donné à Séoul.
Ces mesures devraient être jugées insuffisantes par certains en Corée du Sud ayant appelé à une réponse forte pour enrayer la direction prise par Pyongyang avec ses programmes balistique et nucléaire. Mais elles pourraient permettre à Yoon Suk-yeol de revendiquer que Washington prenne au sérieux les inquiétudes de Séoul.
Par ailleurs, les représentants américains ont fait savoir que les Etats-Unis tenaient au préalable la Chine informée des mesures qu’ils prenaient, une manière d’afficher la volonté de Washington d’apaiser les tensions dans la région.
(Reportage Trevor Hunnicutt, Steve Holland et David Brunnstrom; version française Jean Terzian, édité par Kate Entringer)