Israël poursuit ses raids à Gaza, rumeurs d’accord sur une pause dans les combats
19.11.2023 13:59
© Reuters. Une vue de véhicules militaires dans la bande de Gaza, durant l’opération terrestre de l’armée israélienne contre le groupe islamiste palestinien Hamas, dans cette image fixe d’une vidéo obtenue par Reuters le 19 novembre 2023/REUTERS/Forces de défe
par Nidal al-Mughrabi et James Mackenzie
KHAN YOUNES, Gaza/JERUSALEM (Reuters) – Israël, les Etats-Unis et le Hamas sont parvenus à un accord de principe visant à libérer des dizaines de femmes et d’enfants retenus en otage à Gaza en échange d’une pause de cinq jours dans les combats, a rapporté le Washington Post, ce que le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et la Maison blanche ont démenti.
« Encore aucun accord mais nous continuons de travailler dur pour en obtenir un », a dit Adrienne Watson, la porte-parole du conseil de sécurité nationale de la Maison blanche, dans un communiqué.
Selon le Washington Post, des libérations d’otages pourraient débuter dans les prochains jours, à moins d’obstacles de dernière minute. Le quotidien cite des sources ayant connaissance de cet accord détaillé de six pages.
Cette possibilité d’un accord survient alors que l’armée israélienne semble se préparer à étendre son offensive contre le Hamas au sud de la bande de Gaza et que ses frappes aériennes ont entraîné samedi la mort de dizaines de Palestiniens, parmi lesquels des civils venus s’abriter dans deux écoles selon l’UNRWA, l’agence de l’Onu chargée de l’aide aux réfugiés palestiniens.
Aux termes de l’accord, toutes les parties interrompraient les combats pendant au moins cinq jours et les otages seraient libérés quotidiennement par groupes de 50 ou plus, a rapporté le Post. Le Hamas a capturé quelque 240 otages lors de l’attaque du 7 octobre, qui a fait 1.200 morts dans le sud d’Israël.
La pause dans les combats doit aussi permettre l’acheminement dans l’enclave d’une importante aide humanitaire, ajoute le quotidien en précisant que les grandes lignes de l’accord ont fait l’objet de semaines de tractations au Qatar.
Alors que les proches des otages et des milliers de sympathisants sont arrivés samedi à Jérusalem au terme d’une marche de cinq jours destinée à interpeller le gouvernement sur le sort des captifs, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a déclaré samedi soir lors d’une conférence de presse qu’aucun accord n’avait été trouvé.
« Concernant les otages, de nombreuses rumeurs infondées circulent, de nombreuses informations erronées. Je souhaite que les choses soient claires: pour l’instant, il n’y a aucun accord. Mais je veux faire une promesse: lorsqu’il y aura quelque chose à dire, nous vous le ferons savoir. »
DEUX ÉCOLES BOMBARDÉES SELON L’UNRWA
Israël a lancé une vaste opération militaire en représailles à l’attaque du 7 octobre en promettant d’éradiquer le Hamas.
En six semaines, le conflit a coûté la vie à 12.300 Palestiniens dont 5.000 enfants selon les autorités de l’enclave. Les deux tiers de la population du territoire, qui compte 2,3 millions d’habitants, sont des personnes déplacées.
Dans le nord de la bande de Gaza, des experts humanitaires ont pu se rendre à l’hôpital Al Chifa, investi cette semaine par les forces israéliennes qui accusent le Hamas d’y avoir installé des postes d’opération, en le décrivant comme une « zone de mort », a dit samedi l’Organisation mondiale de la santé (OMS).
L’agence de l’Onu a dit préparer l’évacuation des patients et personnels médicaux encore présents dans l’établissement. L’OMS a indiqué que 25 soignants et 291 patients, dont 32 bébés dans un état critique, se trouvaient encore à Al Chifa.
Toujours dans le nord de l’enclave, Israël a bombardé deux écoles gérées par l’UNRWA, faisant des dizaines de victimes, a déclaré sur la plate-forme X le commissaire général de l’agence de l’Onu chargée des réfugiés palestiniens. « ASSEZ, ces horreurs doivent cesser », a lancé Philippe Lazzarini.
Un porte-parole des autorités du Hamas a annoncé un bilan de 200 personnes tuées ou blessées dans ces raids. Israël n’a pas fait de commentaire.
Des témoins ont signalé d’intenses affrontements au cours de la nuit dans le camp de réfugiés de Jabalia, le plus grand de la bande de Gaza avec près de 100.000 personnes.
Des représentants des autorités de santé palestiniennes ont déclaré que 31 personnes dont deux journalistes palestiniens avaient été tuées dans les camps de réfugiés de Boureij et Nusseirat dans le centre de l’enclave. Une femme et un enfant ont péri dans un raid à Khan Younès (sud), ont-ils ajouté.
Sur le plan diplomatique, la sortie du conflit continue de faire l’objet d’âpres discussions, alors qu’Israël n’a pas dévoilé de stratégie pour l’après-guerre.
Dans une tribune publiée dans le Washington Post, le président américain Joe Biden a déclaré samedi qu’une « Autorité palestinienne revitalisée » devrait à terme administrer la bande de Gaza et la Cisjordanie quand la guerre entre Israël et le Hamas sera terminée.
(Jean-Stéphane Brosse pour le service français)