Atos : Entre Montagnes Russes en Bourse et Crise Existentielle
27.05.2024 11:58
L’action Atos (EPA:) a connu une chute spectaculaire ces dernières années. Après avoir perdu 50 % en 2021, presque 76 % en 2022 et plus de 21 % en 2023, l’action Atos chute de plus de 75 % depuis janvier 2024 avec une accélération de la baisse ce mardi 19 mars (presque – 20 % sur la journée de trading).
Cette dégringolade est principalement due à l’échec du rachat par Airbus (EPA:) des activités de cybersécurité et de Big Data d’Atos, ainsi qu’aux incertitudes sur le plan stratégique de l’entreprise pour faire face à ses difficultés financières.
Y a-t-il encore de l’espoir pour l’action Atos ? Faut-il vendre ses actions après cette nouvelle chute ou au contraire profiter de cette baisse pour acquérir des actions à bas prix ? Quels sont les risques et les opportunités pour les investisseurs ? Éléments de réponse dans cet article ActivTrades.
Atos : Abandonné par Tous… ou Presque
Après le retrait du milliardaire tchèque Daniel Křetínský et de son fonds d’investissement EP Equity Investment en février, c’est au tour d’Airbus de jeter l’éponge. Le 19 mars 2024, Atos a annoncé dans son point de marché l’arrêt des négociations avec Airbus concernant la cession potentielle de son activité Big Data et Security (BDS).
Ce nouveau coup dur contraint Atos à réévaluer sa situation et à explorer de nouvelles options pour redresser la barre. La publication des résultats annuels 2023 est de nouveau reportée pour permettre à l’entreprise de digérer ce revers et d’anticiper son prochain mouvement stratégique.
Le retrait d’Airbus privé Atos d’une source potentielle de revenus dont elle avait cruellement besoin. L’entreprise doit impérativement honorer des dettes colossales d’ici fin 2025, à hauteur de plus de 3,5 milliards d’euros. Le manque de liquidités provenant de la vente de BDS accentue la pression financière sur Atos, qui doit désormais trouver d’autres alternatives pour refinancer sa dette et répondre à ses obligations à court et moyen terme.
De plus, la situation financière fragilisée d’Atos pourrait inciter les agences de notation à dégrader de nouveau sa note de crédit, renchérissant le coût de son endettement et limitant ses accès aux marchés financiers.
L’échec de la vente de BDS et le double retrait de Křetínský et d’Airbus impactent également l’image et la crédibilité d’Atos. L’entreprise avait fait appel à un médiateur début février pour mener à bien les discussions et trouver une solution de refinancement. Or, les institutions financières attendaient d’y voir plus clair sur le potentiel scénario de reprise avant de considérer un report des créances.
Face à cette situation critique, l’État français pourrait intervenir. Le ministre de l’Économie, des Finances et de la Souveraineté industrielle et numérique (Bruno Le Maire) a déclaré : « l’État construira dans les prochaines semaines une solution nationale de protection des activités stratégiques. Tous les intérêts de la France seront préservés ».
Les activités d’Atos, notamment sa division Big Data & Security, sont, en effet, sensibles. L’entreprise possède des compétences uniques dans des domaines critiques pour la sécurité nationale, comme la cybersécurité et l’intelligence artificielle au service du secteur militaire ou des services secrets français.
La reprise d’Atos par une entreprise étrangère pourrait donc comporter des risques d’ingérence importants : accès à des données sensibles, espionnage, sabotage ou encore une perte de contrôle de la France sur des technologies et des services critiques pour sa sécurité nationale.
Sur une note positive, la Fondation Novo Nordisk (CSE:) a sélectionné Eviden, filiale d’Atos, pour créer au Danemark Gefion, « l’un des supercalculateurs d’IA les plus puissants au monde. […] Il fournira 6 Exaflops de performance FP8 AI et est basé sur l’architecture NVIDIA DGX SuperPOD™. Eviden livrera, installera et configurera le supercalculateur, et assurera la maintenance et le support technique pendant toute sa durée de vie » explique Atos.
Ce projet offre une lueur d’espoir et démontre le savoir-faire technologique d’Atos. Cependant, l’avenir d’Atos reste incertain. L’entreprise doit impérativement trouver des solutions pour se redresser et regagner la confiance de ses investisseurs et de ses clients.
Action Atos : – 75 % Depuis le Début de l’Année
Graphique journalier de l’action Atos (ATO) – Source : TradingView
L’action Atos (ATO) a connu une chute spectaculaire hier, perdant 19,16 % de sa valeur dans une séance volatile. Malgré tout, il ne s’agit pas de la perte journalière la plus importante du groupe français qui a par exemple perdu 28,95 % le 5 février 2024 ou 22,50 % le 28 juillet 2023.
La journée d’hier a été marquée par une ouverture en gap baissier, suivie d’une dégringolade jusqu’à un plus bas historique en séance à 1,62 euro. La clôture s’est également effectuée à un niveau jamais atteint auparavant, à 1,7380 euro. Le volume d’échange a été très important, ce qui indique que les investisseurs étaient nombreux à vouloir se défaire de leurs actions Atos.
Faut-il Revenir sur l’Action Atos ?
L’avenir d’Atos reste très incertain. Pour les investisseurs à long terme, qui ont confiance dans le potentiel de redressement de l’entreprise, l’achat des actions Atos pourrait représenter une opportunité intéressante, surtout étant donné son niveau actuel du prix de l’action proche de son plus bas historique.
Dans ce contexte, il faudra suivre de près la renégociation de la dette, la mise en place d’une nouvelle stratégie et la stabilisation de la situation financière, ces éléments étant des indicateurs clés de la direction future de l’entreprise.
Il est toutefois important de noter qu’un investissement dans l’action Atos comporte des risques, étant donné la volatilité actuelle et les nombreuses incertitudes sur le futur de l’entreprise, ce qui rend difficile la prévision de son évolution future.
Pour les traders actifs utilisant des produits dérivés tels que les CFD (Contrats sur la Différence) et mettant en œuvre des stratégies de trading actives, l’action Atos pourrait offrir des opportunités intéressantes en fonction des fluctuations et des réactions aux nouvelles évolutions.
Comme toujours, la décision d’investir dans un actif dépend de votre scénario principal (notamment hausse ou baisse de l’actif), mais aussi de votre stratégie, de votre tolérance au risque et de vos objectifs financiers.